A ce même concert de l'Orchestre national des Pays de la Loire et des Neue Vocalsolisten de Stuttgart parfaitement dirigés par Pascal Rophé, la reprise de la mythique Sinfonia (1968) de Berio prend un relief saisissant. Que n'a-t-on reproché à cette œuvre, une des trois ou quatre parmi les plus jouées de son auteur, d'être par trop l'exact reflet de son époque ! En réalité, Sinfonia n'a pas pris une ride depuis un demi-siècle, et pulvérise, à l'inverse du postmodernisme, dont elle diffère radicalement malgré les apparences, toutes les conventions, par son vertige de collages, de matériaux réalistes et d'éléments référencés qui viennent se fracasser puis se marier en un maelstrom miraculeusement homogène. Et ne signe-t-elle pas, reliée à d'autres pages (Scelsi, Filidei, Momi, Sciarrino, outre Nono et Francesconi), l'unité sous-jacente d'une voie italienne de la création d'aujourd'hui, peut-être le thème majeur, mais nullement affirmé comme tel, de cette édition 2018 de Musica ?
Festival Musica. Strasbourg, du 26 au 30 septembre.